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"Homicide routier" : "Il faut des mesures beaucoup plus fortes" que cette mesure symbolique, selon l’association Prévention routière

Le gouvernement doit annoncer lundi la création de la qualification d'"homicide routier" pour remplacer celle d'"homicide involontaire".
Article rédigé par franceinfo
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Anne Lavaud, présidente de l'association Prévention routière (JEROME FOUQUET / MAXPPP)

La création de la qualification d'homicide routier "ne va pas, fondamentalement, changer les choses", regrette la présidente de l’association Prévention routière. Anne Lavaud explique, à franceinfo lundi 17 juillet, attendre des "mesures beaucoup plus fortes".

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La Première ministre doit annoncer la création de la qualification d'"homicide routier" pour remplacer celle d'"homicide involontaire" attribué au conducteur jugé coupable d'un accident, notamment lorsqu'il conduit sous l'empire de l'alcool ou de stupéfiants. Élisabeth Borne préside lundi après-midi à Matignon le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR), qui n'avait pas été réuni depuis cinq ans.

Une politique "contradictoire"

Ce qui est surtout problématique pour l'association Prévention routière, c'est la politique "contradictoire" du gouvernement. Il y a eu d'un côté des mesures concrètes : la fin des retraits de points pour les petits excès de vitesse et le permis de conduire accessible à 17 ans. De l'autre côté, cette mesure à "forte dimension symbolique" l'a qualifiée Matignon."On est dans l'attente de mesures beaucoup plus fortes, explique Anne Lavaud. Le dernier CISR, c'est celui qui avait annoncé les 80 km/h sur les routes départementales bidirectionnelles."

"À l'association, on sait que c'est la vitesse qui est un facteur aggravant de toutes les autres causes de mortalité. Donc, il faut travailler sur la vitesse."

Anne Lavaud, présidente de l’association Prévention Routière

à franceinfo

Mais il est vrai que cette nouvelle qualification était très attendue, confirme Anne Lavaud, "beaucoup d'associations de victimes demandaient depuis des années que ce qualificatif d''homicide involontaire' disparaisse. Pour ces associations, c'était vraiment très compliqué tout au long des procédures, d'entendre ce caractère 'involontaire'", explique la présidente de l'association.

Un intérêt statistique

Il n'y a pas d'alourdissement des peines avec nouveau qualificatif d'homicide routier. Ce type de délit peut grimper, s'il y a plusieurs circonstances aggravantes, jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende. Mais, pour Anne Lavaud, "de toute façon, ce n'est jamais appliqué. Et l'intention de consommer des stupéfiants ou de rouler très vite n'est pas bridée par ce risque de peines".

En revanche, avec cette nouvelle qualification, il y a un intérêt statistique. Pour l'instant, les accidents de la route mortels sont recensés en tant qu'homicide volontaire ou homicide involontaire. "Dans le nombre de tués, on ne sait pas qualifier qui parmi eux sont responsables d'accidents ou victimes d'accidents", détaille la présidente de la Prévention routière. "Avec ce qualificatif d'homicide routier, on va pouvoir qualifier les victimes. Et donc, ça va nous éclairer davantage sur qui est victime. Et peut-être que là, en termes de pédagogie, on va pouvoir s'asseoir sur ces chiffres", explique Anne Lavaud.

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